En 1982, la revue Bibliothèque de Travail, appelée
familièrement BT, fêtait son cinquantenaire. Sans avoir le
fétichisme des anniversaires, cela incitait à la réflexion, à la
fois sur le trajet accompli et sur les chemins qui ne cessent de
s'ouvrir. Comme j'avais été depuis 15 ans secrétaire général de
l'ICEM-Pédagogie Freinet, et assumais depuis quelques années la
coordination de ses éditions documentaires, on me demanda d'écrire
cet ouvrage, en m'appuyant sur ma pratique pédagogique personnelle,
les diverses expériences recueillies dans l'ICEM et, bien entendu,
ma connaissance des éditions documentaires.
Qu'on ne s'y méprenne
pourtant pas, enraciné dans une longue expérience collective de la
documentation, cet ouvrage ne vise pas à faire l'éloge de la BT (ce
qui serait inutile pour les lecteurs convaincus d'avance et
agacerait à juste titre les autres). Les références à la BT sont
essentiellement celles d'une personne à son pays natal: le terrain
le mieux connu dans tous ses replis.
L'objet des textes qui
suivent est d'aider à une réflexion critique et à des pratiques
diverses concernant la documentation dans l'éducation, notamment de
montrer que la culture profonde ne s'acquiert pas en priorité dans
des ouvrages de fiction. Le m'adresse donc à tous ceux qui se
préoccupent de ces problèmes (enseignants,
bibliothécaires-documentalistes, étudiants, mais aussi toute
personne se sentant concernée).
Néanmoins, cet ouvrage
s'inscrit dans une perspective éducative qui n'est pas neutre.
Pendant des siècles, l'éducation a vécu sous le monopole d'un
système pédagogique fondé sur le cours magistral et les manuels
scolaires. Il ne s'agit pas d'imposer un dogme inverse, mais de
situer clairement les choix éducatifs qui sont les
nôtres.